JPMorgan et son PDG sont-ils vraiment contre le Bitcoin et les cryptos ? Récit d'une relation contradictoire
Ses dernières semaines, JPMorgan s'est démarquée par son implication dans les cryptos, que ce soit à travers sa promesse de permettre l'investissement en Bitcoin (BTC) ou ses travaux sur la tokenisation. Pourtant, son PDG Jamie Dimon s'est longtemps positionné comme un solide anti-crypto. Explorons ce paradoxe, symptomatique de la position contradictoire de nombreuses banques vis-à-vis des technologies de la blockchain.

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Le paradoxe Bitcoin de JPMorgan et Jamie Dimon
Il y a quelques années encore, Bitcoin (BTC) et les autres cryptomonnaies étaient un sujet tabou au sein des banques. Si le chemin est encore long avant une adoption réelle, force est de constater que les mentalités changent de gré ou de force. L’un des exemples les plus parlants se trouve en la personne de Jamie Dimon, à la tête de JPMorgan Chase depuis 20 ans maintenant.
Historiquement, l’intéressé s’est toujours montré extrêmement critique vis-à-vis de Bitcoin. Devant le Sénat américain en décembre 2023, il tenait par exemple ces propos sans équivoque :
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Les seuls véritables cas d’utilisation sont ceux des criminels, des trafiquants de drogue, du blanchiment d’argent et de l’évasion fiscale.
Depuis, son avis ne semble guère avoir changé, mais « business is business », et le banquier n’a d’autres choix que de monter dans le train qui est en marche :
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Je ne pense pas que vous devriez fumer, mais je défends votre droit de fumer. Je défends votre droit d’acheter des bitcoins.
Le 19 mai dernier, Jamie Dimon a effectivement annoncé que JPMorgan Chase permettrait à ses clients d’acheter des bitcoins, bien que la banque sous-traitera la garde des actifs.
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Faites ce que je dis, pas ce que je fais
Que Jamie Dimon soit contre une technologie comme Bitcoin, cela relève de son droit fondamental le plus strict. C’est d’ailleurs d’autant plus compréhensible, lorsque l’on comprend le potentiel d’une telle solution, quant à sa capacité à renverser les statu quo en place depuis des décennies dans le monde de la finance.
Pourtant, c’est le choix des arguments qui a de quoi interroger. Outre le fait qu’il soit factuellement faux de dire que les cryptomonnaies sont un moyen de paiement privilégié pour toutes sortent d’activités criminelles, JPMorgan n’a pas de quoi se vanter sur cette dimension.
Depuis 2000, le groupe bancaire a effectivement versé plus de 40,16 milliards de dollars de pénalités, dans 281 affaires différentes incluant diverses violations de lois. Parmi ces nombreuses affaires, nous pouvons notamment citer :
- 13 milliards de dollars en 2013 pour avoir vendu des prêts hypothécaires toxiques à ses clients en toute connaissance de cause (crise des subprimes) ;
- 2,05 milliards de dollars en 2014 pour ne pas avoir signalé les activités suspectes de Bernard Madoff dans sa fraude géante ;
- 25 millions d’euros en 2021 pour fraude fiscale en France ;
- 337,2 millions d’euros en 2023 pour manipulation de taux d’intérêt (les faits reprochés ont eu lieu entre 2005 et 2008).
👉 Pour aller plus loin — Lumière sur ces poncifs anti-Bitcoin qui n’ont plus lieu d’être
En 2019, à Philadelphie, les autorités américaines ont également saisi 20 tonnes de cocaïne dans le MSC Gayane, un navire appartenant à un fonds géré par JPMorgan Chase. Précisons toutefois que la banque n’exerçait pas de contrôle opérationnel sur le bateau.
Commencez votre aventure crypto avec notre guide pas-à-pasUne banque impliquée dans l’écosystème crypto
Au-delà de Jamie Dimon, ce crypto-scepticisme se ressent parfois dans les propos de certains employés du groupe. En juillet 2023 par exemple, Nikolaos Panigirtzoglou, managin director chez JPMorgan, se montrait dubitatif quant à d’éventuels ETF Bitcoin spot qui seraient approuvés 5 mois plus tard :
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Je ne pense pas que vous verrez des flux massifs dans ces ETF au comptant. Je n’ai pas l’impression qu’il y a une demande massive et refoulée pour une exposition au Bitcoin.
Près de 2 ans plus tard, ces mêmes ETF ont battu de nombreux records et sont capitalisés à 133 milliards de dollars.
Selon un récent dépôt auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC), JPMorgan détenait d’ailleurs au moins 16 millions de dollars de parts de fonds et d’ETF Bitcoin à la fin du 1er trimestre dernier. Même si ce montant est faible, il reste intéressant à souligner :
Aperçu des avoirs de JPMorgan en ETF Bitcoin
🔎 Est-ce possible d’investir dans des ETF Bitcoin en France ?
Outre les ETF Bitcoin, JPMorgan est largement impliquée dans l’écosystème crypto et nous pouvons illustrer cela à travers cette liste loin d’être exhaustive :
- Premiers tests sur le JPM Coin en 2019, un stablecoin dédié aux règlements entre institutionnels ;
- Lancement d’Onyx en 2020 (renommée Kinexys en novembre 2024) ; une division spécialisée dans la tokenisation et les solutions blockchain ;
- En pleine mode des tokens non fongibles (NFT) et du metaverse en 2022, Onyx ouvre une vitrine dans Decentraland ;
- Ce mois de mai, JPMorgan officialise sa première transaction de bons du Trésor tokenisés sur une blockchain publique, en partenariat avec Ondo Finance et Chainlink ;
- La semaine dernière, le Wall Street Journal rapporte que JPMorgan Chase, Bank of America, Citigroup et Wells Fargo discuteraient de la création d’un stablecoin commun.
Une position commune à toutes les banques ?
Si nous nous sommes concentrés sur JPMorgan et son PDG Jamie Dimon, des réflexions similaires peuvent être faites pour bon nombre de banques. Pour vous en rendre compte, faites l’expérience par vous-même en demandant son avis sur les cryptomonnaies à votre conseiller bancaire.
Pourtant, presque toutes sont aujourd’hui impliquées de près ou de loin dans l’écosystème blockchain et nous découvrons de nouveaux exemples chaque semaine.
En France par exemple, rappelons que les établissements suivants, bien connus du grand public, sont membres de l’Adan, la principale association portant la voix des acteurs crypto :
- Bpifrance ;
- Caisse des dépôts ;
- Crédit Mutuel Arkéa ;
- Groupe BPCE (Banque Populaire — Caisse d’Épargne)
- Mastercard ;
- OPPIDEO (filiale du Crédit Agricole à travers CA Chèque) ;
- SG Forge (Société Générale).
Alors que la révolution blockchain semble inarrêtable, il semble primordial de se former (même sans nécessairement investir), et apprendre à se détacher des discours de façade des géants de la finance pour développer son propre esprit critique.
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Les investissements dans les crypto-monnaies sont risqués. Il n’existe pas de rendement élevé garanti, un produit présentant un potentiel de rendement élevé implique un risque élevé. Cette prise de risque doit être en adéquation avec votre projet, votre horizon de placement et votre capacité à perdre une partie de cette épargne. N’investissez pas si vous n’êtes pas prêt à perdre tout ou partie de votre capital