Les chiffres le confirment. Selon la Chambre de commerce franco-suisse, entre 50 et 100 entrepreneurs français s’installent chaque année en Suisse pour y créer leur société. Au total, près de 200 000 Français résident dans le pays, dont une part importante dans les cantons de Vaud et de Genève. Beaucoup sont des professionnels en reconversion, investisseurs, ou créateurs de startups.
Il y a eu une 1ère vague, il y a peut-être genre 5 ans, et aujourd’hui une autre est en cours [...] La Suisse est vraiment un des endroits qui intéressent les gens. Et Neuchâtel en particulier avec un bâtiment comme celui-là, avec cette communauté… qui a une histoire, qui a de très bonnes relations avec les autorités locales.
Selon les témoignages récoltés, c'est le pragmatisme et la simplicité de la Suisse qui séduit. « Quand on veut créer une entreprise ici, on ne te bloque pas », résume Alexis Roussel. « Il faut apporter un capital, mais tu peux l’utiliser pour lancer ton activité. Ce n’est pas un argent “perdu”. » Contrairement à la France, où les démarches administratives sont lentes, complexes, énergivores et coûteuses.
Najp, un expatrié initialement réticent, en témoigne :
Et maintenant que j'ai goûté au bonheur de la facilité administrative, la France me fait bien rire. Ici certes, tous les papiers sont payants, mais ils sont livrés avec une rapidité exemplaire. Un exemple tout bête, pour récupérer ma nouvelle carte grise et mes nouvelles plaques d'immatriculation, ça m'a pris 5 minutes en main ! Il faut vraiment le voir pour le croire.
Jimmy, un autre entrepreneur français installé en Suisse, insiste lui aussi sur cette efficacité : « La relative simplicité administrative, la sécurité, la qualité de vie, et même le système de santé… C’est incomparable avec la France. »
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Ces retours d'expérience mettent en lumière un véritable écart culturel dans la manière dont les entrepreneurs sont perçus. En Suisse, notamment à Neuchâtel, l'entrepreneur est généralement valorisé et encouragé, même lorsqu’il s’agit de petites initiatives créatrices d’emploi. D'après les interviewés, les institutions locales se montrent accueillantes et cherchent activement à accompagner les projets.
C'est le constat de Jimmy : « Ici, les entreprises du secteur collaborent. En France, on est vus comme des concurrents. »
La Suisse est aussi appelée par certains la « Crypto Nation ». Le pays a vu naître plusieurs dizaines d'entreprises blockchain ces dernières années. Des cantons comme celui de Zoug également appelé la « Crypto Valley », la ville de Lugano, qui accueille notamment les bureaux de Tether, l'émetteur du stablecoin USDT, et Neuchâtel ont cultivé cet ADN, notamment avec l'aide de l'État cantonal.
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Alexis Roussel affirmait :
On est dans cet espace de Coworking Bitcoin qui a été inauguré par la ministre de l'Économie du canton. Il y a une proximité. Ils ont mis une garantie bancaire pour le financement du projet. Il y a vraiment une volonté, une stratégie des institutions locales de s’investir et de contribuer au développement de ce genre de communauté-là.
Pour Lionel Jannerat, le CBN « permet également d'associer concrètement l'État à notre succès, ce qui nous permet d'avoir un soutien concret et symbolique pour le futur. ». Son entreprise, Be-BOP a ses bureaux au CBN, elle équipe également le bâtiment avec son application pour la réservation des salles, le bar/café et l'encaissement en satoshis.
Créer une entreprise en France sans compte bancaire reste très difficile, notamment en raison de l’obligation de déposer au moins 1 euro sur un compte de dépôt temporaire ou à la Caisse des dépôts. À l’inverse, en Suisse, il est tout à fait possible de fonder une société sans compte bancaire et de la faire fonctionner uniquement avec du Bitcoin ou d’autres cryptomonnaies.
Panorama à Neuchâtel
Loin d’être une zone de non-droit, la Suisse régule les cryptos, mais de façon structurée. La FINMA, l’autorité de surveillance des marchés financiers, a ainsi pris une position ferme contre l’anonymat, ce qui inquiète certains acteurs.
Alexis Roussel souligne que « la Suisse a intégré des concepts comme le droit à l’intégrité numérique dans ses constitutions cantonales, » une initiative dont il est lui-même à l’origine. Une première mondiale, qui a eu un écho non seulement en Suisse, mais aussi jusqu’en Alsace. Ce droit permet aux citoyens genevois et neuchâtelois de contester certaines obligations numériques imposées par l’administration.
Si la Suisse séduit de plus en plus d’entrepreneurs crypto français, c’est parce qu’elle propose bien plus qu’un simple refuge fiscal. Elle offre un cadre stable, une administration lisible, une reconnaissance institutionnelle et bénéficie d'une culture qui valorise réellement l’innovation et l'entreprenariat.
Mais attention aux illusions : « Ce qui est trompeur, c’est qu’on est dans un autre pays. On parle français, mais la mentalité est différente », rappelle Najp. Le quotidien peut surprendre, et le coût de la vie impose d’avoir une activité rapidement rentable, ou des fonds suffisants, pour franchir le gap dans un pays où le salaire moyen passe de 2 700 à 6 400 euros.
Enfin, la Suisse n’est pas un eldorado gratuit, mais un environnement exigeant, qui récompense ceux qui sont prêts à s’y adapter et à contribuer au succès de son canton. Pour ceux en quête d’un modèle aligné avec leurs valeurs d’indépendance, de souveraineté et de clarté, elle reste l’une des destinations les plus crédibles en Europe, sans exiger un bouleversement culturel comme à Dubaï ou Singapour.
Sources : allnews, Coworking Blockchain Neuchâtel
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Journaliste et vulgarisateur passionné par Bitcoin, je m’attache à rendre accessible un sujet souvent complexe. J’ai réalisé un documentaire tourné au Salvador, qui explore de manière pragmatique l’impact de Bitcoin sur le pays. Chaque semaine, je présente l’émission « Pair à pair », un rendez-vous qui décrypte l’actualité et les enjeux du protocole Bitcoin, avec rigueur et pédagogie. Je publie également, au quotidien, des articles et réflexions pour nourrir la l'intérêt pour le BTC et encourager le débat autour de cette révolution monétaire et technologique.
Marius Farashi Tasooji
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